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Abigor - Nachthymnen (From The Twilight Kingdom)
Chronique par Storm - Publiée le 28/10/2025
Abigor - Nachthymnen (From The Twilight Kingdom)
Note : 6/6
Genre : Black Metal
Année : 1995
Label : Napalm Records
Pays : Autriche
Durée : 49:01
Tracklist :
1.
Unleashed Axe-Age
06:24
2.
Scars in the Landscape of God
06:14
3.
Reborn Through the Gates of Three Moons
06:04
4.
Dornen
04:37
5.
As Astral Images Darken Reality
03:56
6.
The Dark Kiss
05:46
7.
I Face the Eternal Winter
04:35
8.
Revealed Secrets of the Whispering Moon
05:21
9.
A Frozen Soul in a Wintershadow
06:04

Mes aïeuls, que le temps passe ! Ce satané instant fuyant, cet instantané qui toujours se dérobe de nous, a pourtant prise sur toutes choses et règle l’ordre de chacune. Transformant la pureté originelle en poussière éternelle, la douceur en dureté, l’horloge nous guette de manière permanente. Pourtant, ce qui nous rattache au temps présent et nous fait ressentir davantage le vivant, c’est l’ambiance. Et que dire de l’emprise de l’ambiance ? Cette vapeur invisible, indéfinissable, cet effluve qui taquine les sens et la subjectivité. Concept fumeux, impalpable et terriblement humain. L’ambiance fait correspondre pourtant toutes les temporalités : elle fixe le passé aux souvenirs et à la mémoire, suspend le présent aux émotions induites et bariole le futur de fantasmes et d’angoisses. Et ABIGOR dans tout ça ?

Eh bien justement, "Nachthymnen" est un album qui prend peu la poussière et fait convoler en noces pas mal d’impressions. La froideur est le maître-mot dans l’album, la production est sèche, gifle l’oreille et fait ressortir l’ambiance qui se tapit dans un brouillard épais. Et l’ambiance, justement, se perçoit et frappe. Michael Gregor, aka Silenius, au chant, est au mieux de sa forme et pose sa voix avec beaucoup d’ingéniosité, un batteur, Thomas Tannenberger aka T.T, hyper inspiré, développant un jeu technique très personnel, et des riffs de guitare insatiables du brillantissime Peter Kubik aka P.K. Des nappes de claviers éparses se joignent à certaines compositions. L’élément prédominant de l’album, c’est la grande identité des morceaux, tous se démarquent tant la dextérité et le travail de composition ont été fructueux et inspirés. Pas beaucoup de bémols, une production un poil faible qui ne fait pas la part belle aux basses, qui sont, pour le coup, peu audibles.

"Nachthymnen" est la tête de pont de la première période d’ABIGOR, celle que je préfère très nettement : celle d’un Black Metal dans sa plus simple expression, sans les futurs éléments de dissonances qui se pointeront avec "Fractal Possession". Ce qui discerne "Nachthymnen" des autres sorties de l’époque, c’est un tempérament très affirmé ; à la fois cru et atmosphérique, doux et brut, halluciné et immanent. ABIGOR aura produit une pépite du Black Metal, suintant et transpirant à grosses gouttes le milieu des années 90. Début de la grande embardée d’un style de musique qui se déploiera et trouvera, de manière croissante, une audience de plus en plus favorable et affirmée, dans le cœur et les oreilles de toute une génération. Peu d’albums égaleront à l’époque sa majestuosité et sa propension à garder une forme d’originalité sur chacun de ses titres.