Des albums de ANCIENT, ce "Svartalvheim" reste mon préféré. Sans doute le plus cru et le plus Raw de tous, sorti un peu avant les envolées lyriques ayant cours dès le "The Cainian Chronicle" de 1996. Si l’on reconnaît déjà un peu le riffing typique de Azazel et son amour du mi-tempo, "Svartalvheim" reste d’une belle froideur toute norvégienne.

Si la production un peu maigre demande à être un peu regalbée pour amener une dose de puissance supplémentaire salutaire, l’écoute de l’album ne souffre pourtant pas plus que cela de cette maigreur. Le mix est équilibré pour tous les instruments et ce n’est pas anodin, en ce temps-là, d’entendre de manière égale tous les instruments.

Si cet album de jeunesse possède quelques maladresses, nous ressentons à son écoute qu’il est aussi un terrain d’expérimentations pour un groupe s’essayant à varier les ambiances, les basculant tantôt vers la lugubrité ("Trumps Of An Archangel", "Likferd"), la mélodicité ("Huldradans"), tantôt vers quelque chose de plus épique et louvoyant ("Der Glemte Riket", "Eerily Howling Winds"), mais aussi vers des sonorités un peu particulières (les claviers originaux de "Paa Evig Vandring", le titre acoustique un poil tarabiscoté "Ved Trolltjern").

Et cela fonctionne assez bien si l’on prend le temps de rentrer dans l’album sans précipitation. Coincé avec les quelques sorties légendaires de tous les grands noms et futurs acquéreurs d’une place dorée sous le soleil noirâtre de la postérité (citons pour la forme les compatriotes EMPEROR, MAYHEM, ENSLAVED, BURZUM, DARKTHRONE et GORGOROTH), ANCIENT prouve comme eux en 1994 qu’ils participent à l’écriture de ce que sera le Black Metal. Un album vraiment à tenter si vous ne le connaissez pas et un must-have de ce qui se faisait en ce temps-là lors des premiers bouillonnements de la seconde vague.