Véritable ovni planant au milieu de la scène Metal de l’époque, AKHENATON n’a pourtant pas eu toujours les éloges des critiques, ni la place qu’il méritait dans le cœur du public. Ce que l’on qualifiait, à l’époque, de kitsch et d’abscons, pourrait maintenant trôner en bonne place parmi les initiateurs de la mouvance Dungeon Synth. Pour ma part, j’ai toujours apprécié le disque, notamment les efforts de composition et la tentative d’aboutissement d’un concept pas forcément aisé à appréhender. Ce qui a pu paraître orchestralement suranné, par des comparatifs désuets, végétait en fait dans la pensée d’un public ennuyé par un manque crucial de références permettant une objectivité de comparaison. Ainsi, le sens que pouvait prendre "Divine Symphonies" le condamnait d’emblée fort injustement.
Pourtant, cet album s’apprécie après plusieurs écoutes dans un contexte dédié, ou tout simplement en fond sonore. Doucement, lentement, l’imprégnation mnésique fera son chemin. Les parties ambient, les envolées des synthétiseurs attiseront la satisfaction, ou non, de notre cortex cérébral. Les éléments Black Metal sont présents sous forme de breaks acérés et comblent le pendant des parties purement jouées au synthétiseur. Certains titres sont pourtant disparates, mais quelques-uns auront marqué à jamais mes neurones adolescents, je veux parler notamment de "Act VII - The Kingdom Of Wisdom" (un clip existe et peut être regardé !) ou le bel "ACT VIII – At The Gates Of Obscurity", aux mélodies profondes et d’une belle densité. Leurs échos traversent le corps d’émotions de part en part en accrochant les tripes. J’assume ma bizarrerie et je peux dire à présent qu’AKHENATON m’a nourri et a participé à mon parcours sonore. Longtemps, j’ai appuyé sur le bouton repeat de la chaîne, car l’album nourrissait mes tentatives d’écrits poétiques. Ces derniers naissants et prenant forme lorsque la liberté des associations semblait totale et infinie.
AKHENATON avait décroché un 6 bombes dans un des tout premiers Metallian, et un titre figurait sur la compil "Metal Explosion", vendu avec le magazine. Nombre de mauvaises langues y voyaient une accointance, à tort ou à raison, avec le label Adipocere Records où Vincent (le maître à bord d’AKHENATON) officiait. La convoitise nous fait échafauder, toutes et tous, des scénarios improbables et vains, "Divine Symphonies" n’est point parfait, mais il mérite une place sur cette scène Metal qui l’a tant placardisé.