Avec ce second album, BESTIAL WARLUST n’a pas dit son dernier mot, mais est en train de l’écrire. Le groupe va peu à peu se désintégrer à l’issue. Quelques mois avant que "Blood & Valour" ne soit enregistré, le line-up se fragilise. Corpsemolester, le bassiste, est le premier à partir. Attrapé par le virus du voyage, il décide de partir en Angleterre pour continuer ses pérégrinations et quitte définitivement le monde de la musique, concédant cependant avoir vécu trois années folles avec CORPSE MOLESTATION puis BESTIAL WARLUST, faites d’alcool, de drogues et de concerts sauvages. Le plus gros coup, pourtant, attend le groupe, avec le départ du compositeur principal Keith Warslut, qui partageait les riffs avec Joe Skullfucker. Celui-ci s’émancipe doucement de son groupe de cœur pour aller composer une démo, "Six Songs With The Devil", et bâtir les fondations de DESTRÖYER 666.
Fort, pourtant, de son aura noire, BESTIAL WARLUST n’a pas vraiment de mal à trouver ses remplaçants. Le groupe braconne de nouveau ENTASIS (un groupe de Black/Death où jouait le batteur Marcus Hellcunt) et débauche leur guitariste : Battleslaughter. Corpsemolester est remplacé par un très bon bassiste répondant au doux nom de Fiend Of The Deep. Le groupe va enquiller une démo dans la foulée de onze petites minutes et travailler d’arrache-pied pour sortir "Blood & Valour". Joe Skullfucker va se consacrer pendant un an au travail des riffs de ce second album, mettant son boulot d’électricien entre parenthèses et essayant, avec ses comparses, de retrouver le feu sacré du premier album. En enregistrant au studio 001 en août 1995, les BESTIAL WARLUST sont pleinement satisfaits. Avec un son moins déformé des guitares, bien moins bourdonnant et strident, le groupe fait preuve de davantage de maturité.
Les riffs, toujours aussi tranchants, sont également plus entêtants. Moins brouillon dans l’écriture de leurs titres, le travail de studio, de l’aveu des Australiens, s’est avéré beaucoup plus paisible et fructueux avec Mark Ingram (l’ingénieur du son) qu’avec Phil Pomeroy, qui s’était occupé avec beaucoup d’autoritarisme de l’enregistrement de "Vengeance War ’Till Death". En faisant valoir, avec beaucoup de subtilité, l’influence du "Under The Sign Of The Black Mark" de BATHORY, les Australiens de BESTIAL WARLUST trouvent des accroches subtiles dans un mid-tempo énergique et des riffs agiles. Des titres vont cette fois-ci sortir du lot. Je pense notamment au bien agressif et direct "Legion Of Wrath", ou bien encore au guerrier "I, The Warrior", que les nostalgiques des premiers samplers de Metallian reconnaîtront. Le groupe s’autorise même un morceau instrumental bien dantesque ("Within The Storm"), avec des leads électrisants et un superbe travail du batteur Marcus Hellcunt.
Le groupe va alors entamer une grosse série de concerts en Australie et, malgré des touches, n’ira jamais se produire en dehors. Les concerts resteront violents, sales et bestiaux, le groupe usant de tous les vices pour faire de leurs shows des instants mémorables. Des bagarres vont éclater à la sortie des concerts, l’alcool aidant, entre fans ivres et membres du groupe prêts à en découdre. Pourtant, le chant du cygne va également se produire à l’issue d’un concert à la mi-1996. Battleslaughter ne s’étant pas présenté à certains concerts, le groupe l’éjecte. Mais Damon Bloodstorm sort un peu du champ, à Croydon (à une heure de Melbourne), où ils sont invités à un concert de charité. Devant une foule que l’on n’imagine pas forcément entièrement éprise de Black/Death Metal, Damon, un peu éméché, promeut le suicide et harangue la foule dans ce sens, mimant même une pendaison et gisant, par la suite, sur le sol… Une semaine plus tard, le groupe fait son conseil de famille et les langues se délient bien comme il faut. Damon quitte le groupe et rejoint ABOMINATOR.
Skullfucker et Hellcunt presseront une dernière démo, "Satan’s Fist", peu de temps après, recruteront même un nouveau guitariste, mais le cœur n’y est plus. Les départs successifs auront eu raison de BESTIAL WARLUST, les pionniers du Satanic War Metal. "Blood & Valour" sera donc la dernière pierre à l’édifice avant que l’enfer ne ravale son dû, mais ce second album, bien plus abouti, s’il ne possède pas cette énergie crue, primale que "Vengeance War ’Till Death" recelait, est pourtant l’œuvre majeure des Australiens.