Il n’est pas aisé de parler d’un chef-d’œuvre. Que dire d’autre sur cet album qu’il n’ait déjà été écrit en long et en large par les doux-dingues et fans invétérés devant l’éternel de ce second album de DISSECTION ? Peut-être partir sur le plaisir alors de la douce nostalgie qu’il m’inspire, lorsque tout minot que j’étais, je m’évertuais avec les copains à singer le jeu de Nödtveidt dans des moments dingues d’air guitar en symbiose avec cette musique si richement mélodique et émotionnelle. "Night’s Blood" est parfait pour cela, n’est-ce pas ?
Savoir que Jon s’est foutu en l’air à ses 31 ans m’a toujours questionné. Son passage par la case prison pour complicité de meurtre, son appartenance à la MLO (Misanthropic Luciferian Order) et au gang suédois des Werwolf Legion, ainsi que son jusqu’au-boutisme musical qu’il avait chevillé au corps et dont il considérait, notamment avec DISSECTION, comme une arme idéologique et une expression rituelle de sa vision ésotérique, font de lui une étoile noire incroyable et une figure emblématique de la scène suédoise et du Black Metal d’une manière générale.
Inutile de parler en détail de ce second album, plus maîtrisé encore que le déjà très beau premier chef-d’œuvre "The Somberlain". Qui ne le connaît pas ? Même les fans les plus doux de Metal ont du respect pour l’œuvre musicale de Jon, sans doute moins pour le bonhomme (n’est-ce pas petite mer… de Dave Mustaine ?). Forcément sa grande mélodicité a marqué la scène et a été unanimement saluée pour sa virtuosité et son équilibre parfait entre violence et émotion. Avec une production plus claire et puissante signée Peter Tägtgren, "Storm Of The Light’s Bane" a enchanté mes jeunes années et je ne peux que remercier ce chef-d’œuvre d’avoir tant accompagné mes nuits.
Je frissonnerai toujours, c’est certain, aux premières notes mélancoliques de "Thorns Of Crimson Death", aux ténébreux envoûtements du titre suivant "Soulreaper" (qui inspirera très fortement le son du "Far Away From The Sun" de SACRAMENTUM)… Dois-je vous avouer que j’ai aussi très souvent perçu des larmes couler, lorsque parfois je me passais en boucle "No Dreams Breed In Breathless Sleep", pour sentir toutes les forces de vie me réanimer… Œuvre charnelle, intime, démoniaque et survoltée, "Storm Of The Light’s Bane" embrasse la postérité et est entré dans l’histoire du Metal, il n’y a pas de débat.
Plus encore que "The Somberlain", "Storm Of The Light’s Bane" est un album empreint de nostalgie pour moi et il me ramène tellement magiquement à mes bons souvenirs d’adolescence et à tous mes copains de cette époque chérie. Que sont-ils devenus ? Écouteront-ils encore cet album avec une émotion débordante ? Percevront-ils leur sang vibrer et tanker dans leurs artères face au temps qui s’échappe ? Verront-ils la lumière de Jon et ce cercle de bougies éternelles qui a fait voler son âme sans pouvoir la consoler ?