Les Belges de ENTHRONED avaient bel et bien embrassé le bon timing pour sortir leur premier album via Evil Omen Records, un sous-label d’Osmose Records. Osmose, qui avait le nez creux et un catalogue déjà bien fourni, doté de pointures scandinaves (IMMORTAL, MARDUK) ou internationales (citons ABSU par exemple), a très vite perçu le potentiel de ce jeune groupe radical, coincé sur une scène belge balbutiante et peu représentée. ANCIENT RITES, et dans une moindre mesure les bien barrés LUGUBRUM, en occupaient en ce temps-là l’essentielle place.

L’approche agressive de ce premier méfait des Belges sonne de manière très authentique. Avec une production moyennement polissée mais typique de ces années-là, ENTHRONED met en avant son goût pour la rapidité en l’agrégeant avec quelques nappes de claviers bien senties. Les riffs sont somme toute assez bien composés mais ne retiennent pas non plus l’essentiel de l’attention. La voix de Lord Sabathan ne terrifie pas, mais ne souffre pas pour autant d’inexactitude. Le jeu de Cernunnos – qui se suicidera quelques mois plus tard – est également assez conventionnel, mais convainc.

Il en résulte un album au-dessus de la moyenne des sorties de l’époque, mais qui ne fait pas de l’ombre à celle des cadors de l’époque (DARK FUNERAL, SETHERIAL, MARDUK…). Subsistent néanmoins dans l’homogénéité des titres de "Prophecies Of Pagan Fire" quelques belles surprises. Citons "At Dawn Of Funeral Winter", "Under The Holocaust" et ses très beaux breaks, ou bien encore "As The Wolves Howl Again" avec ses leads, son solo et son très beau final à ne point oublier.

Si cet album n’est pas toujours cité, il reste bien dans le jus magique et majestueux de son époque, et constitue, pour ma part, l’album le plus intéressant de la discographie des Belges. De temps à autre, réentendre ce "Prophecies Of Pagan Fire" est une bonne chose que je m’administre. Reconnu et prenant, tour à tour, une dimension de plus en plus culte (nourrie par la nostalgie, mais également grâce à la part de lumière, de réhabilitation et de considération qu’il récupère et que la postérité lui remet), ce premier album est à ne point oublier ni à laisser végéter. Rendons à ENTHRONED ce qui lui appartient.