Avec SUFFOCATION, DYING FETUS, MORBID ANGEL et surtout MORTICIAN, il n’est pas présomptueux d’annoncer que INFERNAL TORMENT envoie une sauce musicale bien putride et salace sur cet album légendaire, notamment de par sa pochette bien caractéristique et qui aura évidemment marqué les plus fragiles d’entre-nous. De toute façon, depuis quand la recette de INFERNAL TORMENT se partage avec la sensiblerie des uns et la faiblesse des autres ? Le Brutal Death Metal n’est pas une partie de plaisir, ni une option pour égayer la festivité de vos soirées branchées.
La cover ne faisant pas tout, elle rend néanmoins service pour expliquer le sadisme prononcé des lyrics dont je vous recommande la lecture pour égayer votre ménage durant les longs soirs d’hiver où la promiscuité et l’intimité se combinent davantage et vous donneraient libre cours à d’autres envies secrètes. Assurément, ce "Man’s True Nature" sera le parfait exhausteur pour vos nuits de fantasme et de passage à l’acte. Et puis de toute façon, la violence est partout, vous le savez bien, aller au jardin d’enfants ne suffit pas pour en être épargné. La ferveur du chant de Scott Jensen galvanise aussi cet état d’esprit avec toute l’ironie féroce qu’il contient, son growl profond et puissant sort de ses entrailles, et sa diction aboyante agite les neurones.
Les titres sont résolument courts, tout comme l’album d’ailleurs. Nulle place à une quelconque reprise de respiration, le batteur Martin Boris envoie bien le pâté et la tête au four pour de belles séquences de pyrolyse, marquant une cadence survoltée. Usant de sa caisse claire comme une mitraillette, les cymbales s’agitent comme autant de piques plantées dans la chair en des va-et-vient permanents. Les guitares accordées bien bas et cette basse proéminente rajoutent au plat une bonne bouillie préalablement mise en charpie brutalement.
Et c’est aussi ce sentiment de bouillie qui dessert quelque peu l’album à mon sens. Ce magma sonore semble sortir des salles de torture ou de cachots de misère, le son pourrait sembler étouffé mais la production a été choisie ainsi. Néanmoins, elle n’est pas veule mais a tendance à brouiller un peu les pistes. Des titres sortent du lot, notamment les très efficaces "Uncontrollable", "Motherfuck", "Baby-Battering-Bill". Non exempt de mélodies, "Man’s True Nature" comporte quelques soli un poil dégueulasses mais bien congruents avec l’ADN à vomir du INFERNAL TORMENT de 1995. Et ces éclairs lumineux apparaissent de temps à autre et laissent présager la future averse mélodique que sera l’opus suivant "Birthrate Zero", album imparable avec des titres assez scotchants.
Sur ce "Man’s True Nature", le scotch est plutôt sur les bouches des victimes, et il est bien temps de s’extirper de cette situation. Cela n’aura duré qu’une petite trentaine de minutes et je remercie déjà ce ciel bleu d’apparaître dans mon champ de vision. Je suis sauf, et ce n’était pas gagné !
