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Storm - Nordavind
Chronique par Storm - Publiée le 30/10/2025
Storm - Nordavind
Note : 5/6
Genre : Viking Folk Black Metal
Année : 1995
Label : Moonfog Productions
Pays : Norvège
Durée : 33:15
Tracklist :
1.
Innferd
01:35
2.
Mellom bakkar og berg
02:43
3.
Haavard Hedde
03:19
4.
Villemann
02:14
5.
Nagellstev
01:03
6.
Oppi fjellet
04:02
7.
Langt borti lia
07:15
8.
Lokk
00:53
9.
Noregsgard
08:13
10.
Utferd
01:58

Il y a des albums comme cela, intemporels, balayés par les blizzards chasseurs de poussière, aux cœurs glacés mais aux enveloppes chaleureuses. Il existe en chacun de nous des mélopées fondatrices d’arabesques parfaites et de volutes épaisses dans nos circuits neuronaux. Chemin faisant, celles-ci communiquent de concert et tracent de nouvelles sentes émotionnelles dans nos cerveaux en amalgamant le ressenti à la mémoire sensible. Certains appelleraient cela de la sensiblerie, d’autres de la sensibilité, d’autres encore de la mièvrerie. Chacun, pourtant, y trouvera son compte quoiqu’il en dise. L’humanité a recours à la musique depuis ses augustes origines préhistoriques, les sons ont une portée universelle, ils traversent le temps, les époques, métamorphosent le vivant et le temps. C’est un élan vital, une béquille, une aide à la marche ou à la remise en route. Principe même de l’éveil, la musique nous fait renouer à un vécu archaïque de nos émotions.

Si je vous introduis cela, c’est que d’arabesques et de volutes, le "Nordavind" de STORM, vous le devinerez aisément, en contient une belle quantité pour moi. J’ai toujours été, disons-le prudemment, bercé par cet album. Véritable oasis au milieu d’une scène Black Metal bruyante et portée par une jeunesse frénétiquement inspirée et sombre, STORM, conduit par Satyr et son acolyte Fenriz, accouche d’un album qui est une véritable scansion de cette scène Metal. Hymne aux anciens et au temps passé de la Norvège, "Nordavind" décline de manière rustique des historiettes folkloriques soutenues par une musique aux accents vikings marqués. Point d’emballement, il est bon de se laisser porter par cette production léchée qui permet d’entendre distinctement le travail sonore des compositions de chaque instrument. C’est un album qui se bonifie avec le temps, rebutant au premier abord il s’immisce irrémédiablement dans les sillons. Les lignes de chant sont claires et jamais growlées/hurlées, quand bien même la pochette de l’album pourrait nous faire imaginer tout l’inverse. C’est une ode à la nuit, à la main noire des anciens, à la nature et à son respect le plus prompt.

Cet album décline un romantisme féroce mais volontiers aussi atmosphérique, animé par la présence de Kari Rueslatten (The 3RD AND THE MORTAL), au timbre mirifique, "Nordavind" conduit son bonhomme de chemin pendant un peu plus de trente minutes passionnantes. Satyr prouve ainsi qu’à seulement vingt ans, il en a sous le pied et pas qu’un peu ! Les compositions sont assez minimales mais remarquables, les riffs sautent au corps, ils emplissent les oreilles et enveloppent de manière cristalline les tympans. "Nordavind" est sorti en janvier 1995, entre le "Shadowthrone" de SATYRICON (le projet principal de Stefen Wongraven aka Satyr, faut-il le rappeler ?) et le "Panzerfaust" de DARKTHRONE (je présente Herr Nagell aka Fenriz ?). D’ailleurs, nous retrouverons avec bonheur la mélodie entêtante de "Noregsgard", un morceau-fleuve magnifique de plus de huit minutes, sur le titre "Quintessence" du "Panzerfaust". Fenriz avait déjà inauguré avec ISENGARD cette volonté d’exprimer d’autres ambitions musicales, Satyr complètera le propos avec WONGRAVEN, ces deux-là, en s’associant, produiront donc ce "Nordavind" dans une période charnière et bouillonnante pour chacun d’entre eux.