Adorned Brood - Hiltia
Chronique par Storm - Publiée le 30/10/2025
Adorned Brood - Hiltia
Note : 2/6
Genre : Pagan Folk Black Metal
Année : 1996
Label : Folter Records
Pays : Allemagne
Durée : 52:18
Tracklist :
1.
Intro
01:26
2.
For Honour and Land
04:50
3.
Hiltia
06:08
4.
Unehrenhaftes Feindesblut
07:39
5.
Furor Teutonicus
04:20
6.
Donerhammer
02:48
7.
Undisclosed Treasures of the Mortal
05:16
8.
Adora
05:01
9.
Kissing the Heathen Amulet
04:40
10.
Die Rede des Erhabenen
08:04
11.
Outro
02:06

Vous reconnaissez peut-être cette pochette, et vous avez déjà peur ? Vous avez sans doute également regardé déjà, d’un rapide coup d’œil, cette note désuète, n’est-ce pas ? Ne fuyez pas trop vite, faites sauter le popcorn et assoyez-vous, gentes demoiselles et damoiseaux, nous allons cancaner un coup tout en restant un poil objectif. Car à bien récouter ce premier album des Allemands, il y a un certain nombre de points positifs et d’autres aspects qui leur reviennent de droit. Nous pourrions leur pardonner leur prime jeunesse, mais "Hiltia" ne fait pas dans la demi-mesure et ce jeune groupe en construction avait déjà vu les choses plutôt en grand en 1996.

Formé par Markus Frost, qui participe majoritairement à la composition des titres, ADORNED BROOD se singularise à l’époque par son mélange d’un Black Metal point trop violent mais tout de même bien convoqué, avec ces vocaux criards et quelques rythmes bien affûtés et agressifs, et de nombreux motifs sonores païens et folk, soutenus par des passages acoustiques portés par une guitare classique mais également – et c’est ce qui éveille davantage notre curiosité – par la flûte traversière d’Ingeborg Anna. Les vieux briscards se souviendront très certainement d’avoir découvert le groupe avec le titre "Furor Teutonicus", présent sur un des premiers samplers vendus avec le magazine Metallian, qui, du reste, soit dit en passant, est le meilleur titre de "Hiltia".

Dès l’introduction de ce premier album, le décor est planté. Il y aura des mélodies Folk type fêtes médiévales avec troubadours enflammés et joutes équestres. Du reste, les titres qui vont suivre vont avoir cette alternance et ce contraste entre énervements manifestes Black Metal, mais jamais si bien inspirés que cela, et langueurs acoustiques plus émouvantes et atmosphériquement acceptables. La voix de Teutobod Frost gâche un peu la fête et s’évertue à vociférer malgré son grain fort passable. Pourtant, lorsque ADORNED BROOD ne cherche pas l’alternance entre passages Folk et Black Metal, il en ressort quelque chose d’intéressant. Je pense par exemple au titre "Adora" qui, en excluant la gentillette flûte traversière, nous dévoile un Pagan/Black bien envolé et de bon rang, qui pourrait concurrencer leurs excellentissimes compatriotes MENHIR (avec le bel "Die Ewigen Steine") et BLACK MESSIAH (avec le tout aussi intéressant "Sceptre Of Black Knowledge"). Du reste, concernant ces derniers, ADORNED BROOD poursuivra un peu le même chemin par la suite, en expulsant de plus en plus le Black Metal et en favorisant l’aspect Folk et Pagan dans leurs compositions. Les deux groupes feront d’ailleurs maintes tournées ensemble, c’est dire si leur confraternité se confirmera et se renforcera par la suite.

Pour en revenir à ce "Hiltia", quelques passages méritent votre attention. Il est fort probable que vous apprécierez le beau break médiévalisant peu après la deuxième minute du titre "Unehrenhaftes Feindesblut", ainsi que la belle pièce instrumentale qu’est "Donerhamer" ou la très belle introduction de "Undisclosed Treasures Of The Mortal". Il est tout aussi possible que vous soyez désappointés par d’autres titres plus embarrassants/irritants et qui souffrent de cette maladresse notable et perceptible ("Kissing The Heathen Amulet", "Die Rede Des Erhabenen"). Quoiqu’il en soit, ce premier album, s’il ne convainc qu’à moitié, augure aussi de ce que sera la suite de ADORNED BROOD. Si vous prenez la peine d’écouter l’album suivant, "Wigand", sorti en 1997, vous y entendrez encore cette alternance entre Pagan et Black, avec un peu plus d’inspiration et de maturité. La suite sera beaucoup plus Folk et aura tendance à me faire tourner les talons bien volontiers, d’autant plus que le naufrage inéluctable du drakkar se fera sentir au fur et à mesure des albums qui sortiront.

Un album moyen donc, mais pas avare d’instrumentations. Manque l’ambiance, l’atmosphère selon moi. Vous savez, ce truc impalpable, qui flotte dans l’air, et qui se connecte spontanément à votre sensorialité. ADORNED BROOD a sans doute une fanbase toute acquise à sa cause, friande d’histoires et de contes nordiques ou germaniques et de tavernes d’un autre temps. Mais définitivement, ADORNED BROOD ne fera pas partie de mes groupes de cœur.