BLUT AUS NORD a été cela autrefois : un groupe de Black Metal Atmosphérique lancinant servi par des riffs venteux, profonds, des leads insolents de beauté qui refrénaient le mal, ce diable vicieux, à s’installer ou à prendre part aux compositions. Venteux car le mur de guitares se dresse bien haut et fort sur toute la scène sonore et il souffle fort dans la conque. Et ce mur est indépassable, il s’abat sur l’auditeur avec force. Le son dégagé est dense et il gagne en profondeur avec les chœurs, le chant vicié de Vindsval et les élans rythmiques. Nous retrouvons donc un album puissant, doté d’une production propre et travaillée, qui égrène des morceaux tous saisissants et superbement inspirés. Rien que le morceau d’ouverture "Slaughterday (The Heathen Blood Of Ours)" est un petit miracle de sensibilité qui remet, si je peux m’exprimer ainsi, l’église au centre du village !
BLUT AUS NORD, à l’instar d’autres artistes, avait prémédité une belle stratégie en ourdissant son identité, créant du mystère en le cristallisant. Il n’avait pas tort Vindsval de ne pas s’ennuyer à montrer qui il était et de quoi il pouvait en retourner. C’est aussi un parti pris fort de ne pas faire dans l’extraversion ou le paraître, une traîtrise impardonnable. De nos jours, c’est d’autant plus fort de résister à l’appel des sirènes de la transparence, du voyeurisme, de l’instantanéité de l’information, de son commentaire et de sa mise à disposition sur les réseaux sociaux sous le diktat des putaclics. Mais Vindsval s’en carre bien le fondement et il n’a pas tort, d’autres auraient tant aimé le torcher depuis le splendide "Ultima Thulée".
Pour revenir à cet album, il est celui, et de loin, que je préfère. Je garde un souvenir ému de mes écoutes d’antan. J’ai beaucoup plus de mal avec l’ensemble de ses autres albums depuis le virage dissonant entamé dès "The Mystical Beast Of Rebellion". J’ai rapidement perdu le sens de sa musique, à l’exact opposé d’un nombre incalculable de metalleux. "Memoria Vetusta I : Fathers From The Icy Age" est peut-être l’album le plus accessible ou le plus convenu de BLUT AUS NORD, mais je trouve qu’il dégage une belle aura qui ne tardera pas, selon moi, à s’estomper au profit de l’arrivée malfaisante d’une noirceur aigre et décomplexée. Mention spéciale au dernier titre "Fathers From The Icy Age", appuyez sur lecture et fermez vos yeux ! Enfin, ouvrez-les en vous pour voyager dans votre for intérieur, débordement assuré !