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Deinonychus - The Weeping Of A Thousand Years
Chronique par Storm - Publiée le 01/11/2025
Deinonychus - The Weeping Of A Thousand Years
Note : 3/6
Genre : Black/Doom Metal
Année : 1996
Label : Cacophonous Records
Pays : Pays-Bas
Durée : 01:03:28
Tracklist :
1.
The Romantic Sounds of Death
06:32
2.
A Gathering of Memories
07:10
3.
Upon the Highlands I Fought
07:20
4.
A Last Lament
07:11
5.
I Have Done as You Did
07:09
6.
Lost Forever
07:11
7.
The Awakened
12:33
8.
The Gothic Statue
08:22

En 1996, Marco Kehren a la fièvre. Il compose à tour de bras de longs titres énigmatiques qui murmurent les tourments d’un Black/Doom en pleine célébration et qui ramènent dans son antre les traces de ce que l’on appellera par la suite le DSBM (Depressive Suicidal Black Metal). Cacophonous Records, bien content de cette production, encourage Marco à enregistrer rapidement l’album sans y mettre les moyens nécessaires pour autant. Il en résulte donc un son plutôt bancal et bien moins détaillé qu’il ne l’était sur l’album précédent "The Silence Of December", avec un équilibre instrumental plus incertain parfois.

"The Weeping Of A Thousand Years" est cependant un terrain expérimental pour Marco Kehren, qui à nouveau compose tout, mais insère cette fois-ci des motifs bien plus gothiques que Black Metal à sa musique. Cette nouvelle orientation va tout à fait s’affiner au fur et à mesure du temps, trouvant son équilibre subtil et une certaine forme d’adresse à partir de l’album suivant, "Ark Of Thought" sorti un an plus tard (sur un nouveau label, fort heureusement), puis se consolider sur les sorties suivantes, affirmant l’identité de DEINONYCHUS et imposant sa signature singulière : un Black/Doom aux claviers lugubres, un tantinet hanté, et des ambiances gothiques de caveau. Mais, si "The Weeping Of A Thousand Years" ne paraît pas abouti, il comporte quelques idées intéressantes foncièrement mal exploitées.

La palette vocale de Marco Kehren, qui, il est vrai, dévoilera toute sa puissance maudite plus tard, fait ici pâle figure. C’est une première maladresse. Assez insupportables, ces lamentations adolescentes continues auraient tout de même la fâcheuse tendance à nous navrer. Le riffing est aussi, sur cet album, sous-exploité et peu audible. Ennuyeux lorsque l’on sait que les mélodies décelées pourraient faire leur office et ambiancer encore un peu plus les nappes lugubres de John Bartels qui restent l’un des points positifs de l’album. La batterie est cet autre point fort. Suffisamment bien produite et variée, elle relève le niveau général de "The Weeping Of A Thousand Years". Dans le camp des gagnants, vous trouverez les titres qui tirent leur épingle du jeu grâce à leur aspect sinistre bien marqué. Je pense notamment à "A Last Lament" qui reste suffisamment intéressant pour être nommé. Les leads introducteurs et ceux qui constelleront le titre de leurs ombres inquiétantes laissent surgir dans nos pensées des cauchemars refoulés.

Je citerai également la longue piste "The Awakened" qui écarte, malgré un ventre mou d’Ambient assez prononcé au milieu du titre, la médiocrité d’un "I Have Done As You Did" ou d’un "Lost Forever". L’introduction (peut-être que cela n’en est pas une ?) "The Romantic Sounds Of Death" – qui dure plus de six minutes – nous laisse entendre toute l’étendue de Marco Kehren avec ces leads dissonants, lugubres et plaintifs à souhait, transcendés par les nappes d’un clavier fantomatique. Enfin, le titre suivant "A Gathering Of Memories" est, avec "A Last Lament", à écouter et à considérer. Entraînant, il n’est pas foncièrement mauvais et pourrait même avoir tendance à nous rappeler, grâce à son clavier gothique, l’album "Turn Loose The Swans" de MY DYING BRIDE.

Cacophonous Records n’a vraiment pas été aidant pour les débuts de DEINONYCHUS et cet album en est le parfait exemple. Après avoir merdouillé le mixage du précédent album, "The Silence Of December", le label, en pressant et en mettant peu d’argent sur la table, n’a fait qu’exaspérer Marco Kehren. Il faudra attendre une réédition de My Kingdom Music pour renouer enfin avec les compositions de cet album. "The Weeping Of A Thousand Years" n’est donc ni un album à écarter ni un album à enjamber dans la discographie du groupe, il reste le terrain expérimental qui a esquissé les futurs plans de Marco Kehren. Son authenticité, sa sincérité brute non diluée par des impératifs commerciaux restent appréciables pour tout amateur de Black/Doom original.