Lorsque l’on reprend les premières signatures du label Adipocere Records, il y aurait beaucoup à dire. Christian Bivel, le fondateur, a sacrément eu le nez creux en signant à l’instinct un nombre important de groupes qui marqueront différentes scènes du Metal extrême. Pari réussi pour certains, rampe de lancement pour d’autres, le label ne ménagera pas ses efforts pour promouvoir ses groupes, les aidant à percer, notamment en misant sur des bandeaux pub d’un magazine en devenir : Metallian. C’est aussi sur proposition de Christian Bivel que le fanzine adoptera l’idée du sampler – une grande première dans la presse musicale… en 1996. Il s’occupera ainsi du choix des groupes, plaçant ses poulains ingénieusement pour le plus grand bonheur de nos oreilles insatiables d’ado.

EXCIDIUM est une de ces signatures Death/Thrash Atmosphérique qui bénéficiera du placement du titre "Choice Of Failure" sur le premier volume de ce sampler sobrement intitulé Metal Explosion pour l’occasion. À s’y méprendre, d’ailleurs, le titre a quelques consonances avec RAGE AGAINST THE MACHINE, notamment grâce au chant scandé de Claudio Tolfo, même si cela reste dans une certaine mesure. Les Suisses, s’ils diffèrent bien évidemment de leurs compatriotes de SAMAEL, partagent tout de même avec eux des riffs sombres et pesants qui pourraient éventuellement nous rappeler les faveurs d’un "Blood Ritual". Et puis j’ai aussi, de temps à autre, pensé au plus doomy certes, mais fort intéressant EP éponyme des Allemands de PYOGENESIS en écoutant certains riffs éloquents d’EXCIDIUM.

Mais disons-le tout de go, nos jeunes Suisses ne renversent pas la table avec l’unique album de leur discographie. La production est honorable (comprenez : le son n’est pas mauvais), et la technique des musiciens l’est tout aussi. On se surprend à entendre des titres loin de l’atmo Death promue. Je prends pour exemple "Among The Same" qui, avec sa basse rutilante, et son chant clair à l’abord gothique alternant avec un growl pas si bégueule, nous colle une petite mandale bien thrashy et originale, de surcroît. Il y a parfois un peu du Dan Swanö de EDGE OF SANITY dans les contours du chant de Claudio ou dans le riffing ("Frigidity", "What Else Do I Need"), sans égaler pour autant le maître.

Ce que je reproche le plus à cet album, c’est son manque de cohérence. Les titres sont certes assez hétérogènes, mais rien n’arrive fondamentalement à les relier. Le groupe se cherchait-il ou explorait-il des pistes à suivre à l’avenir ? Nulle clé de réponse puisqu’aucune interview n’existe. "Innocent River" n’est pas foncièrement agressif et son lot de maladresses rend parfois décousue son écoute. Il y a bien des breaks juste très beaux (je pense à ceux émaillant par exemple le titre de clôture "Hands", mais aussi ceux du titre éponyme d’ouverture), mais rien de fondamentalement entêtant ni de scotchant. En matière d’archéologie, EXCIDIUM ne sera pas le trésor de 1996 d’un Death Atmo un poil trashy, mais son écoute est acceptable et vous fera sûrement pas passer un mauvais moment.