Enregistré au Tico-Tico Studios en Finlande, GATES OF ISHTAR signe en 1996 chez Spinefarm Records ce premier album bien prometteur. Mais le label n’encourage que très peu son jeune poulain, et ne le distribue que trop mal. D’ailleurs, une mésentente survient et l’on retrouve des lacunes de celle-ci jusque dans le livret, où des erreurs d’impression subsistent (le tracklisting comporte une erreur au dos de la jaquette notamment, mais pas que…). Mais cela ne ternira pas l’ambition du groupe qui ira toquer à la porte d’Invasion Records pour y trouver de quoi produire leurs deux autres albums.
Sentant la jeunesse à plein nez et sorti en pleine période de l’émulation de la scène dite de GÖTEBORG, GATES OF ISHTAR s’y attache et ancre un "A Bloodred Path" juvénile et assez inspiré. Raflant la mise, DARK TRANQUILLITY, IN FLAMES, SOILWORK mais aussi AT THE GATES prennent la lumière, voire un peu trop. Et si je vous cite WITHERED BEAUTY, SACRILEGE, EBONY TEARS, SINS OF OMISSION ou A CANOROUS QUINTET, vos premiers réflexes seront sans doute pour bon nombre de chercher quelques informations dessus tant ils semblent être passés inaperçus aux yeux de la sévère postérité. Et GATES OF ISHTAR fait partie de ces groupes un peu trop oubliés et méconnus à mon goût. Certes, nos Suédois n’ont pas réinventé la roue du Death Mélodique, mais il s’avère que ce premier méfait comporte son lot de mélodies imparables et entêtantes. Entre un NAGLFAR survitaminé et la beauté d’un DEATH carré et technique, GATES OF ISHTAR affiche de belles performances musicales sur cet album.
Et je dois bien vous le dire de suite, si les deux futurs albums "The Dawn Of Flames" et "At Dusk And Forever" sont supérieurs à ce premier opus, je reste accroché à "A Bloodred Path" malgré ses maladresses et sa production sèche et quelque peu plate. Je ne résiste pas à opiner de la tête quand surgit la belle introduction "Inanna", qui s’emporte doucement, tendrement, en pointillant un peu le ciel de quelques éléments mélancoliques. Enjoué et inspiré, le duo de guitares emmené par Tomas Jutenfäldt propose des envolées vraiment intéressantes. Je pense notamment à certains titres très DEATH dans l’âme tels que "Tears", "When Daylight’s Gone". La basse, tout comme le son de la batterie, sont perfectibles. La première est trop en retrait, a contrario de la batterie mixée un peu trop en avant au détriment des guitares. Le chant de Mikael Sandorf manque de puissance et d’emportement à mon goût. Mais la sauce prend et l’on s’étonne de disposer d’un nombre conséquent de titres identifiables et dignes d’intérêt ("The Silence", "The Dreaming Glade", "A Bloodred Path"). Breaks et leads entêtants sont de la partie et tiennent la dragée haute tout du long.
Si vous souhaitez faire un peu d’archéologie et dénicher de quoi sustenter votre quête mélodique, je ne peux que trop vous conseiller d’entamer la découverte de cette bande de potes inspirés par ce premier album. Century Media Records a d’ailleurs remastérisé l’album de manière intéressante en 2017, un an après le décès du batteur. Vous ferez d’ailleurs une bonne action, car les fonds reviennent au fils d’Oskar Karlsson. Et puis, n’oubliez pas que l’ombre d’un Chuck Schuldiner pourrait vous sembler planer sur quelques compositions de ce "A Bloodred Path". À vous donc les studios