Ce nouvel album de MARDUK, avec son nouveau chanteur emblématique, Legion (ancien vocaliste chez OPHTHALAMIA), s’embarque tous feux en avant, de manière bien moins troublante que son prédécesseur "Opus Nocturne", vers la nouvelle orientation fantasmée de Morgan Håkansson et scelle définitivement l’inclinaison du groupe vers la brutalité du Black Metal. Au détriment de ses aspects occultes et atmosphériques jusqu’alors déployés, "Heaven Shall Burn... When We Are Gathered" va se revêtir de nouveaux apparats plus froids, implacables, survoltés, et marquera les esprits. S’en sera trop pour Af Gravf, qui ira déployer ses ailes obscures à la si grande envergure au sein de DIMENSION ZERO avec Jesper Strömblad.
Enregistré au Abyss Studio de Peter Tägtgren, alors en pleine ascension au sein de la scène suédoise, MARDUK obtient un son très puissant, mettant en avant notamment la « blasterie » de Fredrik Andersson, qui canarde à tout va, le grondement d’artillerie de la basse de B-War, et le cisaillement des guitares de Morgan. Le son est massif, se dresse comme un mur sonore infernalement dense mais d’une clarté chirurgicale – un contraste racé et fascinant pour un disque aussi dévastateur. La prestation de Legion fera date dans la tête de tous les Blackeux de l’époque, tant son timbre déchiré et envoûtant colle parfaitement aux ambiances nihilistes de ce nouveau MARDUK, canonisé et incarnation absolue de la forme la plus extrême du Black Metal suédois. Tägtgren restera impressionné par l’intensité rare des sessions d’enregistrement : les Suédois refusant toute pause et travaillant jusqu’à l’épuisement complet.
Il en résulte des compositions directes, aux tempos frénétiques, possédées par des élans malins, où chaque titre est une offensive dévouée à la destruction sonore. Avec sa dimension quasi industrielle, mécanique et millimétrée, austère et froide, la martialité de "Heaven Shall Burn... When We Are Gathered" va secouer la fanbase. Laissant quasiment sans répit son auditoire, MARDUK déroule des titres implacables et saisissants dans les ambiances brutales et transperçantes que les Suédois arrivent à produire. "Infernal Eternal", "Glorification Of The Black God", "Legion", "The Black Tormentor Of Satan" ne sont que des noms de titres qui feront date et ne seront plus jamais oubliés. "Dracul Va Domni Din Nou In Transilvania" le sera également : son mid-tempo incroyable et son atmosphère mystique sont un clin d’œil appuyé aux ombres du passé que MARDUK ne cherche pas à dissiper mais à intégrer pour entamer sa propre révolution…
"Heaven Shall Burn... When We Are Gathered" est le premier album de MARDUK avec lequel j’ai fait connaissance. Je me souviens très bien de cette claque monumentale et déstabilisante qu’il nous avait provoquée. Je dis nous, car c’était mon meilleur ami Sam qui l’avait acheté, et la première écoute de ce brûlot dans son grenier nous avait figés et décontenancés. Le "Live In Germania" avait suivi quelque temps après, et cette fois encore, à nouveau, nous ne mégotions pas sur MARDUK. Le bon temps, en somme. À ranger pas trop loin du "The Secrets Of The Black Arts" de DARK FUNERAL ou du "Nord…" de SETHERIAL, mais attention : MARDUK reste MARDUK !
