En affinant leur première démo sortie en 1995 et en l’agrégeant de nouveaux titres très prometteurs, les Jérusalémites de MELECHESH affichent leurs ambitions : sortir leur musique de leurs frontières et la propager. Formé en 1993 par Melechesh Ashmedi (un Assyro-Arménien) et rapidement rejoint par le Palestinien Moloch et le batteur Lord Curse, le groupe va rapidement devenir un jalon de la scène des 90s grâce, il est vrai, à leur auto-proclamé "Mesopotamian Metal". Le trio sait en effet varier finement son Black Metal assez brutal avec quelques sonorités moyen-orientales et l’ajout d’éléments folkloriques par différents instruments (Bouzouki, Saz, Sitar). En 1996, peu avant que ne sorte ce premier album, le groupe a maille à faire avec les autorités israéliennes. Celles-ci l’accusent d’activités occultes et tentent d’engager des poursuites, mais elles sont rapidement abandonnées.
Le groupe dévoile donc son "As Jerusalem Burns... Al'Intisar" qui, musicalement, se teinte d’un Black Metal plutôt thrashy, influencé par la scène grecque de l’époque (NECROMANTIA, ROTTING CHRIST), offrant de belles mandales en matière de rythmes (avec de nombreux blasts) et des riffs rapides et agressifs. La voix sans concession d’Ashmedi, qui compose l’essentiel de l’album, est également très vindicative et reste dans les canons du genre. Les thématiques occultes, bien que prégnantes dans les paroles, ne sont pourtant pas au-devant des ambiances proposées par MELECHESH, à la différence du génial "Moonlight - Act III" de CHRIST AGONY par exemple, sorti la même année. Non, nos compères israéliens vont avant tout déployer des mélodies très énergiques, comme sur le titre fondateur et désormais culte "Assyrian Spirit". En quasi dix minutes, ce qui est long je vous l’accorde, MELECHESH va mystifier son propos. Les potards dans la zone rouge, les leads s’enchaînent, les riffs sont secs et tranchants, la batterie empale des monstres de rythmes, et les invectives d’Ashmedi sèment le courroux.
Et concernant la fureur de MELECHESH, certains titres vont en prouver authentiquement l’expression. Je pense notamment à "Hymn To Gibil", qui, dans son essence MARDUK-ienne, ou à la THE ABYSS / THE LEGION, nous fouette jusqu’au sang. "Baphomet’s Lust" n’est pas en reste également, car, sous ses aspects brutaux, sa dimension mélodique et occulte se dévoile aux entournures des riffs. Mention spéciale au titre éponyme qui clôture l’album. Sa dimension plus atmosphérique est ponctuée de riffs cycliques du plus bel effet et d’un chant incantatoire bien affiné. Avec "Assyrian Spirit" et "Planetary Rites", il constitue le trio de titres à ne pas manquer d’écouter. "Planetary Rites" fait office, un peu, d’ovni sur cet album, avec son mid-tempo marqué, ses accents un poil Méloblack et sa mélancolie tenace.
Si l’album manque encore un peu de variété et de singularité, MELECHESH se diffère pourtant assez aisément des styles de Black Metal de l’époque. "As Jerusalem Burns... Al'Intisar" est un canevas qui introduit les futurs albums passionnants du groupe, dont notamment "Djinn", le suivant, sorti en 2001, dont je me ferai un plaisir de vous chroniquer. Cinq ans les séparent. Le groupe, pour des raisons personnelles majoritairement, et professionnelles également, s’expatrie d’Israël. Ashmedi déménage aux Pays-Bas, Moloch part en France terminer ses études de sciences politiques, et Lord Curse, quant à lui, part aux États-Unis continuer ses études d’art. Malgré cette nouvelle géographie, le groupe ne périclitera pas, mais engagera de nouveaux membres. Nous en reparlerons.