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Satyricon - Nemesis Divina
Chronique par Storm - Publiée le 04/11/2025
Satyricon - Nemesis Divina
Note : 6/6
Genre : Black Metal
Année : 1996
Label : Moonfog Productions
Pays : Norvège
Durée : 42:48
Tracklist :
1.
The Dawn of a New Age
07:27
2.
Forhekset
04:32
3.
Mother North
06:25
4.
Du som hater gud
04:22
5.
Immortality Passion
08:23
6.
Nemesis Divina
06:55
7.
Transcendental Requiem of Slaves
04:44

En 1996, SATYRICON est incontournable. Vous me direz sans doute que les Norvégiens le sont encore actuellement, mais cela fait belles lurettes pourtant que j’ai tourné les talons et reste braqué sur les reliques de son passé discographique, au premier rang duquel trône "The Shadowthrone" et "Nemesis Divina", bien évidemment.

Ce n’est pas forcément "évident", comme je l’annonce un peu hautainement, mais "Nemesis Divina" revêt aussi un moment assez charnière pour moi : celui d’une commande anthologique passée sur le catalogue VPC d’Adipocère Records aux toutes premières heures de 1997. Quatre disques et quatre piliers fondateurs, ou du moins stabilisateurs, de ma déclaration noirâtre pour le Black Metal et qui m’auront marqué à jamais. Imaginez l’affaire : en récoltant quelques sous, me voilà bien raisonné à m’offrir le "The Art Of Dreaming" de GOLDEN DAWN, le "Dol Guldur" de SUMMONING (tout fraîchement sorti), le "Memoria Vetusta I – Fathers Of The Icy Age" de BLUT AUS NORD, et enfin le "Nemesis Divina" de qui vous savez…

Passons sur mon trépignement pour vous parler des trois autres disques et restons focus sur cette dinguerie de "Nemesis Divina". Avec un line-up de folie commandé par Satyr, qui s’est notamment sacrément illustré sur d’autres projets contemporains à cet album (STORM, WONGRAVEN), voilà que Kvelduv aka Nocturno Culto (DARKTHRONE) vient y glisser ses lignes de basse, tandis que l’impétueux et talentueux Frost vient marteler ses toms et ses cymbales (avec un jeu bien savoureux sur la ride)… Comme à l’accoutumée. En sortiront sept titres de dingue et une quarantaine de minutes de rien à jeter qui poseront les bases d’un Black Metal tantôt rageur et humant les effluves guerrières et Viking de leurs origines, à un autre plus atmosphérique avec ces strates de claviers errants et glaçants qui s’expriment lors de passages mémorables (notamment sur "Forkheset"). À la manière du "In The Nightside Eclipse" de EMPEROR, "Nemesis Divina" convoquera de sacrées orchestrations qui banniront la médiocrité et saliront la prude chasteté d’autres disques volontiers plus pompeux de l’époque (CRADLE OF FILTH, DIMMU BORGIR).

"Mother North", ses chœurs enchanteurs et hantés à la fois, son riffing juste impardonnablement efficace, l’enivrante pièce maîtresse aux guitares hypnotiques qu’est "Immortality Passion", la fureur du titre éponyme, l’énorme deuxième partie du titre d’ouverture "The Dawn Of New Age" avec son accélération à vous décoiffer l’âme. Magistral ! Le cœur applaudit et l’âme se revigore. Ou bien encore le titre instrumental final "Transcendental Requiem Of Slaves" qui m’a tellement hanté… Il serait bien déraisonnable d’accorder à cet album une quelconque critique tant il est un pilier du genre et un disque fort singulier, précis, technique, envoûtant, puissant, imperturbable, novateur, aux compositions de maître suprêmement racées.

Rien à dire d’autre, ou alors cette chronique dite "expresse" n’en saurait pas une, car c’est bien des dizaines de pages que cet album mérite. "Nemesis Divina" a marqué un nombre incalculable de kids de l’époque dont j’ai fait partie. Il m’a si souvent accompagné dans mon intimité, que ce disque est à bien des égards une petite partie de moi-même. Je me le suis approprié, je l’ai cannibalisé. Ce n’est plus un simple objet mais bien un sujet dans ma vie.