L’album a été remastérisé en 2021 avec une nouvelle cover et une production qui n’enlève rien au son de 1994, mais propulse un peu plus le crunch des guitares et les hauts médiums en avant, ce qui, de fait, rend honneur aux compositions initiales. Néanmoins, le son de l’époque est nécessaire pour se replonger dans les abîmes du temps où s’accouplent la mémoire et l’émotion.
Et que dire de ce "The Shadowthrone", peut-être savez-vous déjà qu’il figure dans mes albums de référence. Pourquoi ? Je vais être succinct, car Julien et Père Fransoua ont déjà tellement dit de vérités sur cet opus passionnant et total. Satyr est complètement possédé sur cet album et ses éructations sont remarquables, et que dire du jeu de Frost, un des meilleurs batteurs de Black Metal de tous les temps ? Il fait tinter sa cymbale ride comme jamais et ses compositions majestueuses sont hypnotiques. L’appui lourd sur ses toms, si percutants et forts, se fraie un chemin admirable pour accompagner les riffs tantôt épiques, tantôt gelés, emplis d’un mystère ingénieux, enivrants à chaque écoute. Je pense notamment à mes deux titres fétiches "Woods Of Eternity" et "Dominions Of Satyricon", qui conspirent allègrement pour prendre le pouvoir sur mon agitation et ma nervosité. Recevoir l’éclair, c’est être touché par la grâce, être électrocuté, c’est prendre place dans la sidération, "The Shadowthrone" est un évènement de vie, il vous fait ressortir en miettes et la tempête mélodique suivante prendra bien soin de disperser rapidement ces moindres restes de vous.
Il y a le Black Metal Atmosphérique, Symphonique, Raw etc… et pour moi, il y a celui de "The Shadowthrone", n’en déplaise aux redresseurs de torts, ma joie, ma jouissance, mon irritation perverse forclos tous leurs scénarios, pourvu que ce "The Shadowthrone" reste un disque de chevet, quand mes articulations fragiles en 2070, pas moins je l’espère, m’empêcheront enfin de leur sauter au cou !
"I am spirit
I am stone
And I am immortal"(*)
(*) Extrait de "The King Of Shadowthrone".