Véritable disque de la décennie, ce « The Mystical Beast Of Rebellion » fut une véritable bombe pour ce début de millénaire, se voyant déjà considéré comme l’un des grands albums du black metal.
Groupe phare depuis les démos de Vlad et surtout depuis l’immense « Ultima Thulée », Blut Aus Nord continue sa progression en épurant son style, en intensifiant sa musique, mystifiant son aura et la rendant la plus austère possible. Car bien que « Memoria Vetusta » en annonçât les prémices, personne n’aurait cru qu’une telle galette arriverait comme un cheveu sur la soupe, et tant mieux d’ailleurs ! Contre l’inertie qui pollue le black metal depuis un sacré moment, Blut Aus Nord se révèle être un champion et semble depuis toujours transcender la musique pour atteindre un paroxysme atmosphérique et philosophique.
Ce qui choque à la première écoute est le manque total de sentiments, de mélodies, de diversité rythmique, de tout’ Donc, si vous cherchez les belles mélodies, les ambiances folkloriques, les productions bien propres, ou ne serait-ce que la joie, la porte est là’ On ne sent rien dans cet album et c’est là le but. Le tout par le rien, le néant, le nihilisme le plus total. Car n’écouter cet album qu’une seule fois est inutile : vous détesterez cet album. Mais si vous êtes masochistes, fous, ou en quêtes de sensations nouvelles, obligez-vous à réécouter encore et encore ce disque Indescriptible. C’est à vous d’entrer dans cet univers du Rien.
Rien, Néant, Vacuité et Intégrité sont les maîtres mots de ce disque incontournable. Intégrité dans la noirceur, les compositions révélant parfois du pure chaos sonore’ Blast-beat de début à la fin (sauf sur la cinquième piste) guitares massives et complètement déstructurées allant jusqu’à nous asséner de linéaires riffs qui n’ont pas à l’être, seulement des notes aiguës défilant péniblement, une voix plaintive et oppressante et cette incroyable boite à rythmes’ réglée sur le même rythme du début à la fin, rapide’ terriblement rapide’ égarant l’auditeur innocent dans le néant, le vide le plus abstrait’ Ne comptez pas sur les breaks « ambient » pour vous donner un quelconque sentiment d’apaisement ou de « lumière » car une fois habitué à ce vide, vous serez à nouveau happé par ces guitares du Chaos.
L’incroyable qualité de cet opus de génie est d’user d’une linéarité si plate, d’inexistantes mélodies, de rythmes inertes, d’un chant rauque et constant pour vous donner un tel sentiment de perdition, de claustrophobie. Je vous invite désormais à goûter à cette expérience unique du nihilisme, de savoir ce que le black metal aurait du vraiment être.
Note sans appel.