Fétichiste de ces trésors cachés, je continue mes pérégrinations à disséquer les acteurs de l’ombre qui ont tant donné musicalement parlant quand la tempête du Black Metal battait son plein aux quatre coins du monde. Cette fois, je souhaite vous parler des Polonais de LUX OCCULTA, qui disposent d’un parcours musical très intéressant et ont su faire muer leur style intelligemment dès le tout début des années 2000, délaissant ainsi et de plus en plus leurs grosses accointances avec le Black Metal, pour enténébrer différemment leur musique avec des incursions Indus, jazzy et Électronique. Si ces albums n’ont pas ma préférence, et me paraissent souffrir davantage du temps passé, ils ont tout de même quelque chose d’intéressants par leurs structures variées et expérimentales.
Mais cette chronique s’écrit pour ce sublime "Dionysos", bien sorti des radars actuels tout autant que ceux de l’époque malheureusement. Jouissant d’une maturité incroyable et à saisir, nos Polonais ont accouché de ce qui pourrait s’apparenter à un chef d’œuvre du genre. D’une belle intensité et cerné par un sens majestueux de la mélodicité, ce second album des Polonais nous écarquille les yeux tant il nous satisfait émotionnellement parlant. LUX OCCULTA. Les motifs sonores, tant au niveau du riffing que ceux des claviers, ont cette majestuosité solennelle qui, dans l’entrebâillement d’une fenêtre, nous laisse apercevoir, une myriade d’ambiances ingénieuses drainant des vertiges et des montées puissantes. Écoutez par exemple "Blessed Be The Rain" avec ces nappes de claviers mélancoliques qui suspendent le temps, ou bien encore le titre suivant "Chalice Of Lunar Blood" et sa douceur nostalgique qui me rappelle certains motifs composés par le génial Schwadorf au sein de EMPYRIUM. L’appui d’un chant féminin densifie cet abord poétique que "Chalice Of Lunar Blood" détient en son cœur.
Dire aussi un mot sur le plus beau titre de l’album, "Nocturnal Dithyramb", est aussi un devoir. Avec son souffle épique et la flûte enchanteresse de Marcin Rumiński (invité aussi de marque sur un album de CHRIST AGONY), ainsi que la mélopée de ses toujours si beaux et imprégnant claviers, ce morceau nous rappelle un SAOR avant l’heure. Quelque chose se passe à l’écoute de ce titre qui, malgré sa plus grande courtesse par rapport aux autres compostions de "Dionysos" (plus de six minutes tout de même), nous embaume et nous embrasse l’âme avec une émotion puissante à vous enserrer le cœur. Le jeu sophistiqué de cet album n’est certes pas sans quelques petites maladresses (notamment avec ce chant pas le plus performant que la scène est comptée), mais elles sont vite balayées par le soin technique et atmosphérique insufflé par le groupe pour porter leurs idées dans un cocon baigné de génie.
De la discographie de LUX OCCULTA, "Dionysos" est l’album le plus remarquable de tous. Il fait aussi le pont vers les suivants qui sonneront de manière bien (trop ?) expérimentales. Ces structures progressives et l’attrait de ses partie symphoniques ne vous laisseront, je l’espère, pas de marbre. En 1997, entre les feuillets de groupe bien plus connus, subsistaient déjà des sorties de renom qui témoignent de l’ingéniosité fourmillante qui abreuvait la scène du Black Metal.