Premier album du groupe après s’être largement exprimé avec l’édition de plusieurs démos sous le patronyme de CERBERUS puis de MITHOTYN, ceux-ci — à l’instar de quelques autres groupes de l’époque tels que BORKANAGAR, FALKENBACH, THYRTHING, MÅNEGARM — déploient un style : le Viking Metal sous la houlette d’influences fondamentales d’aînés au premier rang duquel trône bien évidemment BATHORY. Se détachant bien plus rapidement de leurs sources Black Metal, en tout cas davantage que d’autres entités telles que KAMPFAR, MOONSORROW et WINDIR, MITHOTYN développe un son propre qui joint quelques ingrédients Black Metal, des mélodies du Death Mélo et des ambiances épico-folkloriques.

En substance je viens de vous décrire ce qu’est le Viking Metal. Mais l’entité MITHOTYN ne bénéficiera ni de la lancée de ce style qui s’épanchera avec bien plus d’aura au début du millénaire, ni des succès commerciaux et musicaux de quelques groupes sus-cités plus haut, ou d’autres tels AMON AMARTH, EINHERJER, ENSIFERUM. Le split du groupe à la mi-1999 suite au départ du frontman Stephan Weinerhall et du batteur Karsten Larsson partis tous deux former le groupe FALCONER, va enterrer leurs trois albums et les étiqueter comme des oubliés de l’histoire. Alors que dire de ce "In The Signs Of The Raven" ?

Concernant les onze compositions de l’album, nous pouvons noter qu’elles se débattent bien au sein d’un Black Metal fleurant bon les épopées sur des drakkars. La guitare lead s’amusant à produire des airs entêtants et dansants, signant ainsi des velléités folkloriques et épiques qui nous permettent de les chantonner. Les structures des rythmiques sont assez simples et les claviers mettent de temps à autre leur grain de sel en saupoudrant de quelques ambiances certaines titres de manière plus ou moins réussie. Mais ce qui saute aux oreilles au fur et à mesure que se décante cet album, c’est la juxtaposition des parties dans certaines chansons. J’ai l’impression d’assister à des sortes d’assemblages qui me laissent parfois assez circonspect, et ce manque de cohésion est parfois criant ("In The Forest Of Moonlight", "Freezing Storms Of Snow"). Notons que cinq des onze titres de ce premier album de MITHOTYN sont des réenregistrements de morceaux issus des démos de 1995 et 1996. "In The Signs Of The Raven" pourrait donc s’apparenter à un demi-album, si l’on exclue ces morceaux.

Le chant clair de Karl Beckmann produit de beaux moments comme sur le titre éponyme ou sur la track "Lost In The Mist" qui nous fait apparaître EMPYRIUM sur le pont du drakkar. Ses apparitions sont souvent bien senties et son jeu fonctionne bien et produit une fournée d'émotions. Je ne pourrais pas en dire autant du chant Black de Stephan, faiblard et peu puissant. La fameuse production de l’époque ? Peut-être bien mais du reste il agace à la longue, n’est cependant pas Dolk (le hurleur de KAMPFAR) qui veut.

Si MITHOTYN ne produit pas son plus bel album, certains titres sont vraiment bons. Je pense à "Shadows Of The Past", "Lost In The Mist", "Upon Raging Waves" et même à "Embraced By Frost" dont certains passages paraissent bien pompés au "Nordavind" de STORM. Mais d’autres n’ont pas la même efficacité et c’est là que le bât blesse et nous fait trépigner. Un album donc en demi-teinte, pas désagréable — ne craignez donc pas d’allergie — mais assez dispensable si vous voulez écouter le Graal du Black/Viking Metal sans tourner autour du pot.