Un an plus tard après le fameux "Far Away From The Sun", le Black Metal mélodique ample et profond entame sa mue vers un Black/Death Metal inspiré et tenace dans l’intensité des notes et des mélodies. Mais la patte SACRAMENTUM s’entend rapidement, nous retrouvons la recette ingénieuse qui a fait le succès du groupe : chant au grain caverneux, guitares incisives mises en avant, batterie martelante. Un vent catabatique descendra-t-il des montagnes suédoises ? Giflera-t-il le visage de l’auditeur… une nouvelle fois ?
Dès le premier titre, des chants clairs apparaissent de manière plus prononcée et font le bonheur de mélodies qui s’empressent de titiller les neurones. L’ambiance de l’album est plus directe, plus frontale et lorgne vers un Death Metal frondeur. Les compositions sont bonnes mais ne transportent pas plus que cela. Elles semblent buter sur un plafond de verre et parfois s’enlisent. La recette serait-elle éculée ou trop usée ? Certainement, car certains titres traînent en longueur et perdent de la dynamique. Mention spéciale à "Awaken" qui excelle de bout en bout et pourrait se parer d’un linceul bleuté et s’intégrer à "Far Away From The Sun" ; une petite lucarne dans le château de Necrolord assurément. Mais là c’est une boule de feu cosmique qui fait office de cover, et l’artwork laisse à désirer.
Parfois la messe est dite d’emblée et quelques détails laissent des informations ou des impressions qui ne cèdent pas. Lorsque j’ai acquis le disque à sa sortie, j’avais eu ce pressentiment. "The Coming Of Chaos" est-il sorti trop vite derrière "Far Away From The Sun" ? Qu’a voulu dire Anders Brolycke ? Voulait-il vouer et incliner SACRAMENTUM sur une pente davantage Heavy/Death, style qu’il affectionne ? L’essai est plus ou moins réussi car les titres sont inégaux et certains semblent être dédiés à un remplissage, je pense notamment à "Portal Of Blood" ou la très longue plage d’ambient, qui n’en est pas une selon moi, terminant l’album.
SACRAMENTUM aurait-il tout dit dans son premier album, souffrirait-il de ce mal d’avoir voulu jouer un sprint et non une course de fond ? Se serait-il pris les pieds dans le tapis ? Son dernier effort avant le split, "Thy Black Destiny", sera éclairant et aura eu le mérite, ou pas, d’épuiser le groupe.