En une quarantaine de petites minutes, voilà que les Norvégiens d’OBTAINED ENSLAVEMENT vont embraser le Black Metal Symphonique – et marquer une génération entière – en en écrivant quelques-unes des plus belles lettres de noblesse. Et je confesse avoir fait partie de ceux-là… Pest, l’homme derrière l’âme et les compositions d’OBTAINED ENSLAVEMENT, et frontman chez GORGOROTH du temps de sa superbe (comprenez la période où sont sortis les albums géniaux que sont : "Under The Sign Of Hell" (1997) et "Destroyer, Or About How To Philosophize With The Hammer" (1998)), a beaucoup mis de lui-même dans ce projet.
"Soulblight" est déjà le troisième album d’OBTAINED ENSLAVEMENT, enregistré dans un petit studio de Bergen, le Grieghallen de Pytten, mais avec des moyens limités selon les souhaits de Pest. "Soulblight" développe son projet ultime : celui d’accomplir un album wagnérien dit de « Black Metal opéra gothique ». Sonnant de manière fastueuse et funèbre, cet opus est une élégie maudite très influencée par les lectures de l’époque de Pest (Baudelaire, Shelley, Poe), ainsi que de ses écoutes passionnées des œuvres d’Edvard Grieg (un compositeur et pianiste norvégien de la période romantique), mais dans une version bien plus raw que teintée d’un romantisme noir.
"Soulblight" pourrait être défini comme le "Under A Funeral Moon" du Black Symphonique, tant sa crudité mâtine l’éloquence de ses nappes de claviers grandiloquentes. Avec ces ambiances assez théâtrales, les vocaux criards de Pest, les riffs quasi brumeux et les rythmes rapides de cet album, il est difficile de ne pas y voir aussi une volonté frénétique de dire le plus de choses possibles. Des titres vont rentrer dans le panthéon du Black Sympho pour y rester bien accrochés sous l’œil approbateur de la postérité. Je parle, bien entendu, des superbes "Soulblight", "Nightbreed", "The Godess’ Lake"… Difficile de condenser autant de joyaux en si peu de minutes, beaucoup tenteront de copier les Norvégiens pour, au final, bien se casser les dents. L’impérialité n’appartient qu’aux empereurs.