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Tsatthoggua - Trans Cunt Whip
Chronique par Storm - Publiée le 15/11/2025
Tsatthoggua - Trans Cunt Whip
Note : 4/6
Genre : Black Metal
Année : 1998
Label : Osmose Productions
Pays : Allemagne
Durée : 32:15
Tracklist :
1.
Trans Cunt Whip
06:16
2.
Iä o Tsatthoggua
04:12
3.
Status Stürmer
03:10
4.
To the Credo of Inversion
03:25
5.
Golden Shower
03:24
6.
Endeavour to Pace
02:47
7.
In Dope We Trust
02:31
8.
Angel of the Universe
03:31
9.
Courtesan Mary Slut
02:59

TSATTHOGGUA continue de cravacher sec et continue sur sa lancée, deux ans après la sortie du beau brûlot, "Hosannah Bizarre", le premier album des Allemands. Tirant son nom, à l’instar de NINNGHIZHIDDA, leurs compatriotes, de l’univers lovecraftien, TSATTHOGGUA se diffère pourtant nettement du Black/Death symphonique des auteurs du génial "Blasphemy", par un Black Metal volontiers hyperblasté et outrancier, produit avec le son typique des studios Abyss du sieur Tägtgren. D’ailleurs, pour l’anecdote, sachez que deux des membres de NINNGHIZHIDDA (le batteur et le guitariste pour être exact) font partie également de TSATTHOGGUA, et que ces deux-là avaient précédemment joué avec le line-up complet des sado-maso Allemands au sein d’un tout premier groupe de Death Metal déjà très teinté SM dans les années 1990-1992, et répondant au doux nom de DISSECTION (qui n’est pas le projet de Nödtveidt et de Zwetsloot.

Les Allemands ont en effet dû changer de nom lorsque la sortie de "The Somberlain" se précisait). Bref, autant dire que les amateurs de MARDUK, THE ABYSS, ALLEGIANCE en auront pour leur grade, tant la vélocité des blasts est constante et bien surchargée de violence sur ce nouvel album, le dernier avant une longue césure de plus de vingt-cinq ans. D’ailleurs, si ce "Turbo Black Metal" est bien de rigueur sur ce second album signé par le label français Osmose Productions, il cultive également l’art de la radicalité, notamment par la dépravation de son esthétique, la promotion d’un ton bien volontiers sarcastique, offensif et provocateur à la IMPALED NAZARENE. Si "Hosannah Bizarre" nous avait déjà sacrément lardé la peau, ce n’était rien comparé à cette déflagration continue qu’est "Trans Cunt Whip". La production est, sur ce nouvel album, bien mieux dosée et le son se pare de davantage de lisibilité. Les riffs punkisés, plus abrasifs encore, sont dopés aux vomissures acides du jeu vocal de North Wind, le chanteur enragé et belliqueux.

Tout est donc plus dément sur cet album, qui va vous claquer la couenne et les neurones en une petite demi-heure de combat. Fini aussi la multitude de détails, l’apport des claviers ou l’ajout d’échantillons sonores de "Hosannah Bizarre" (le groupe ayant disposé de bien plus de temps pour l’enregistrer, le mixer et le fignoler — trois mois versus dix jours pour "Trans Cunt Whip") ; ce nouveau méfait est plus direct, frontal et brutal encore. Vous l’aurez compris. Ça tabasse sec et ce n’est pas foncièrement très original, mais cela fait son office… Quelques titres sortent tout de même du lot, notamment "Golden Shower", qui s’extirpe de la masse des titres très MARDUK-iens ou qui vous rappelleront le "Summon The Beast" de THE ABYSS. Forcément, lorsque le groupe ralentit le tempo, comme sur ce titre que je vous cite, il devient un poil plus intelligible. Les variations étant plus de mise, elles offrent également plus de consistance et de singularité. Ainsi, "Iä O Tsatthoggua" et "Courtesan Mary Slut" tirent leur épingle du jeu.

Au tout début des années 2000, TSATTHOGGUA chancelle. Necropolis Records les signe pour leur troisième album qui devait s’appeler initialement "Extazia", une tournée est prévue aux USA sur la côte Est et Ouest, mais la motivation s’érode au sein du groupe. À l’heure d’un tournant important et coûteux personnellement, la paternité récente de Nar Marratuk et de Lightning Bolt brouille un peu les cartes, si bien que, malgré la frustration et la déception, le groupe décide de raccrocher les fouets sans amertume. Le projet de "Extazia" est avorté et TSATTHOGGUA s’éteint alors. Au cours de la période du Covid, les Allemands se recontactent et envisagent un nouvel album. Peu à peu, la motivation regagne du terrain… jusqu’à exploser. En 2024, c’est toujours chez Osmose Productions que le groupe accouche et propose un nouvel album, le troisième : "We Are God". Si la fanbase a répondu présent, malgré plus de deux décennies écoulées, il est temps aussi pour les jeunes générations de découvrir ce groupe qui détient un pan de l’histoire du Black Metal des 90s.