Certains ont trop voulu cloisonner ou mettre sous séquestre les albums de ALLEGIANCE sous prétexte qu’il commuait d’évidence avec les cousins MARDUK-iens. Ils n’ont sans doute à l’évidence pas persévéré à y trouver autre chose qu’une copie brouillonne. Pourtant, si la production de Tägtgren casse un peu les pattes à ALLEGIANCE et à cet album notamment, puisqu’en effet celle-ci a vraiment tendance à invariabiliser le son et le style qu’elle définit, "Vrede" est une assez bonne surprise tombée un peu avant la fin du millénaire dans une indifférence relative. Un poil dommage lorsque l’on sait que ce "Vrede" cherche à voler de ses propres ailes et emprunte d’autres sentiers bien plus épiques et atmosphériques qu’il n’y paraît.

L’apport notamment bien plus prompt des claviers apporte une soustraction supplémentaire aux blasts immanents et crudes qui font leur apparition aux entournures des titres. Cas concret au sein de cet album, le titre "I Stjärnornas Skugga", fer de lance bien envoyé et ficelé, qui prend ses aises au sein d’une cohorte guerrière bien enveloppée de nappes courroucées d’un clavier inspiré. Si "Hrodvitners Rike" pourrait nous amener à repenser à certains passages du "The Shadowthrone" de SATYRICON, "Baldersbålet" nous renvoie davantage aux œuvres de KAMPFAR, et avec efficacité je vous prie.

D’ailleurs, ce côté épique et Viking reste en premier plan au sein de cet album (cf l’autre titre bien guerrier "Nordens Fäder"). L’acmé résidant dans le long titre "Hedna Stål (Hymn Till Nordens Hjältar)", sans doute le plus beau que ALLEGIANCE ait composé. Mélodieux, entraînant et férocement agressif, il avait tout sur le papier, malgré quelques longueurs, pour devenir un hymne de l’auto-proclamation "Viking War Metal" à laquelle ALLEGIANCE s’est entichée. On oubliera cependant le plus laborieux "I Som Drogens Hårt Med Döden" et qui, pour le coup, colle bien trop au MARDUK de l’époque. Avec une intro qui n’apporte rien et une outro assez intéressante qui semble ouvrir la voie vers quelque chose d’un peu plus moderne ou progressif, vous aurez fait le tour en substance de ce "Vrede".

Si cet album n’est point excellent, je ressens pourtant vivement que ce dernier acte a été mûri et très bien travaillé. Avant que Bogge et Fredrik ne partent traîner un peu plus leurs guêtres au sein de MARDUK, ils avaient tous deux de bien belles idées déjà déployées au sein de ALLEGIANCE. Rappelons d’ailleurs que cette entité a débuté à l’aune de 1989, on l’oublie trop souvent. S’il n’a jamais eu le succès escompté, le groupe n’en demeure pas moins brillant et plaisant à l’écoute. Si l’on reprend un peu la discographie, "Vrede" tutoie la même place sur le podium que le premier album "Hymner Til Hangagud", qui reste d’un iota mon préféré. ALLEGIANCE n’aura jamais fait de la merde mais reste encore pour l’heure un peu trop dans l’ombre. Le mérite-t-il ? C’est un autre débat.