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Angelcorpse - Exterminate
Chronique par Storm - Publiée le 15/11/2025
Angelcorpse - Exterminate
Note : 5/6
Genre : Blackened Death Metal
Année : 1998
Label : Osmose Productions
Pays : États-Unis
Durée : 39:50
Tracklist :
1.
Christhammer
05:48
2.
Wartorn
03:57
3.
Into the Storm of Steel
02:43
4.
Phallelujah
05:37
5.
Reap the Whirlwind
05:16
6.
That Which Lies Upon
04:04
7.
Embrace
06:07
8.
Sons of Vengeance
06:18

Après le fameux "Hammer Of Gods" sorti à la fin de 1996, qui avait coupé la chique à plus d’un fan de Death Metal, et une longue série de concerts, notamment en Europe avec IMPALED NAZARENE, pour diffuser la parole belliqueuse du groupe, voilà que Peter Helmkamp, Gene Palubicki, leur jeune batteur furieux John Longstreth (de cinq ans leur cadet) et un nouveau guitariste, Bill Taylor, qui va profiter ainsi de la fureur du groupe pour travailler ses gammes et rejoindre quelque temps plus tard IMMOLATION, décident de remettre le couvert pour sortir leur second album. Disons-le tout de go, si le Death Metal bestial du premier album ne vous avait pas foncièrement plu, il est encore temps de vous éjecter de cette chronique et d’aller rêvasser les yeux dans les nuages et la rose entre les dents.

Avec "Exterminate", ANGELCORPSE va encore plus loin dans la férocité, comme "Hammer Of Gods" le laissait présager. Enregistré au Morrisound Studios en novembre 1997 en quelques jours (haut lieu du Death Metal à l’époque), sous la houlette de Juan « Punchy » Gonzalez, connu pour ses collaborations avec MORBID ANGEL, le quartette américain était bien décidé à réembarquer le Death Metal dans ses traverses originelles les plus agressives et brutales. Allant justement à contre-courant d’autres groupes qui se « débrutalisaient », citons les Suédois d’ENTOMBED qui, depuis la sortie de leur "Wolverine Blues", s’acoquinaient avec les éléments Rock, laissant leur "Left Hand Path" et "Clandestine" plus ou moins orphelins, pour former ce que certains ont appelé le « Death ’N’ Roll », ou le Grindcore moins Grind mais plus mélodique et policé du "Heartwork" de CARCASS sorti par l’écurie Earache Records, ANGELCORPSE s’inscrit en faux face à ceux qui utilisent le Death Metal à des fins commerciales.

"Exterminate" est tout aussi brutal, intense et guerrier que son grand frère "Hammer Of Gods", mais il est aussi mieux produit et les compositions sonnent de manière plus aboutie. À l’écoute de titres tels que "Christhammer", "Phallelujah" ou "Sons Of Vengeance", l’énergie brute et sauvage qui s’en dégage nous rappelle les temps plus anciens où SARCÓFAGO, KREATOR et même SODOM croisaient le fer pour faire souffrir nos esgourdes vierges. Et diable, qu’elles sont réussies ces compositions. Les vocaux carnassiers de Peter, entre Death et Black Metal, sont incroyablement malsains. Palubicki, qui a composé aussi pas mal de choses avec Peter, appose toujours sa griffe ténébreuse sur des riffs rageurs, des solos frénétiques qui vont vous pilonner les neurones. Même le jeune John Longstreth a amélioré son jeu ; les blasts sont en plus grande quantité et il nous propose bien plus de variété, sa qualité de métronome n’étant déjà plus à prouver. Mais Peter et Gene en veulent toujours plus, leur appétit est toujours plus grand, et la cadence que ce duo impose est infernale, si bien que des tensions vont apparaître à l’intérieur du groupe. Première victime : le jeune batteur justement, qu’ils vont laisser partir (ou libérer, c’est au choix !) pour recruter Tony Laureano — un Porto-Ricain vivant en Floride.

C’est en partie grâce à ce nouveau batteur que le groupe va devoir déménager en Floride, celui-ci ne pouvant venir répéter à Kansas City. À l’époque, les batteurs de Death ne couraient pas foncièrement les rues ; il est aisé d’imaginer que Gene et Peter n’ont pas hésité bien longtemps pour mettre toutes les chances de leur côté afin de faire perdurer l’aventure ANGELCORPSE. Bill Taylor suivra, quant à lui, le groupe bien que sa décision fût prise aussi de le quitter. Peu après la sortie de "Exterminate", Osmose Productions avait déjà bouclé toute une armada de concerts et de festivals pour que le groupe aille tabasser en règle le public et les fans, et défendre ce "Exterminate" fulmineux. Sous l’impulsion quasi militaire de Peter Helmkamp, qui est dans une quête constante de dépasser les limites, l’édifice d’ANGELCORPSE va tout de même s’effriter, mais se maintenir encore un peu, le temps notamment de sortir ce qui restera le dernier brûlot du groupe : "The Inexorable" en 1999.