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Ifernach - Gaqtaqaiaq
Chronique par S. - Publiée le 16/11/2025
Ifernach - Gaqtaqaiaq
Note : 4.5/6
Genre : Black Metal
Année : 2018
Label : Nekrart Productions
Pays : Canada
Durée : 29:27
Tracklist :
1.
01:01
2.
Extinction
03:44
3.
Coeur boréal et païen
03:23
4.
↟ ↟ ↟
01:19
5.
Le vent et la mer
03:36
6.
Naufragés
06:24
7.
Elle danse avec la mort
02:50
8.
Un matin fénien
03:19
9.
Métal sauvage gaspésien
03:51
Avertissement :
Cette chronique a été rédigée dans une démarche critique et en aucun cas pour promouvoir les idéologies ou opinions politiques éventuellement portées par les artistes.

Nous avons un peu trop tendance à réduire la scène Canadienne à la myriade de formations gravitant sous la bannière de Sepulchral Productions. Il existe pourtant bien d’autres entités québécoises dignes d’intérêt. Un individu en particulier constitue à lui seul un véritable microcosme : Finian Patraic. A la tête d’Oldfir, Moosegut, Gulguhk…et autres innommables projets, figure Ifernach, celui qui lui vaut une juste renommée. 
Actif depuis une dizaine d’années, le bonhomme poursuit un travail stakhanoviste avec près d’une cinquantaine de sorties, dont 8 albums studio. Il reste difficile de suivre son parcours discographique, tant la qualité est inégale, en particulier au niveau de la production, parfois bien brute.

Parlons ici de Gaqtaqaiaq, son deuxième opus paru en 2018 et qui figure parmi mes favoris. L’illustration choisie pour la couverture traduit sans équivoque les thèmes régulièrement abordés par le one-man-band. On y découvre cet homme à la silhouette tribale, sur un promontoire rocheux, brandissant un bâton conquérant sur ses terres transmises au cours des générations. Les textes ne font que confirmer ce premier ressenti. Ifernach plonge en effet dans les pages sombres de l'histoire nord-américaine, racontant autant les traversées mortelles des migrants européens que l'anéantissement des Premières Nations sous le poids de la colonisation. Entre images de naufrages, rituels ancestraux et forêts sauvages de la Gaspésie, Finian Patraic dresse un portrait sans concession du choc entre deux mondes : celui des traditions autochtones et celui imposé par "l'or et la foi" des colonisateurs. Un refus du monde moderne, la célébration des anciens, le tout avec un rendu primaire et dépouillé, loin des formations “natives”, à l’imagerie et au son bien trop soignés, à la mode ces derniers temps (Blackbraid et consorts).

Cette fougue verbale n’en est que sublimée par le contenu musical. Malgré une qualité du mixage perfectible, souffrant sans doute d’un manque de clarté, on ressent toute la forte personnalité du leader dans l’exécution des compositions. Aux riffs rapides et agressifs - parfois à la limite du punk - répondent des mélodies d’une beauté sauvage. On se laisse volontiers transporter dans les contrées de la Nouvelle France, tantôt à cadence forcée, tantôt à l’errance contemplative. Une demi-heure de Black Metal au caractère bien trempé, épique et belliqueux.

nos verts sommets n'oublieront jamais
les rites et la magie, les danseurs de la nuit
pour qu'ils ne sont pas morts en vain
métal sauvage gaspésien