L’œuvre cultissime et la plus portée aux nues des antiques MAYHEM a été longtemps pour moi un sacré dilemme. L’album est certes un incontournable, mais pas pour les bonnes raisons selon moi. Chargé en drames et en ondes négatives, "De Mysteriis Dom Sathanas" continuera à fasciner les adorateurs ou les frappés de la planète, fascinés ou aveuglés par le grand frisson que l’album contiendrait selon eux en creux. Alors certes, oui, Euronymous a composé l’album, mais a été tué par Varg Vikernes qui s’occupe de la basse et a été volontairement non crédité sur l’album. Oui, en pleine période d’incendies d’églises, la pochette de l’album montrant la cathédrale de Nidaros à Trondheim est un tantinet provocatrice. Peut-être bien aussi que, si Euronymous avait survécu, nous aurions à l’achat détenu quelques micros bouts de cervelle ou des lorcdaus de crâne de Dead sous forme de goodies… Certes, certes, c’est ballot… Mais ça ne fait pas le tout. Car énumérer ainsi toutes ces anecdotes, nous pourrions avoir l’impression de proposer l’extrait d’une tragédie grecque, ou bien encore de teaser un nouvel épisode d’un sitcom glauque. En est-on vraiment si éloigné ?
Maintenant que j’ai moins de tempérance et plus d’aplomb grâce aux années passées, je peux l’affirmer haut et fort : je n’aime pas beaucoup MAYHEM, et "De Mysteriis Dom Sathanas" n’a jamais vraiment été ma tasse de thé et ne le sera jamais. L’album posthume d’Euronymous ne casse pas vraiment trois pattes à un canard. Si le riffing est pertinent, empreint d’une certaine forme d’habileté émotionnelle, et qu’Hellhammer tabasse ses fûts avec une belle ferveur et une technique réellement impressionnante pour son jeune âge, je reste toujours aussi mitigé sur la prestation soi-disant « spectrale » et occulte du chanteur de TORMENTOR, Attila Csihar, qui me paraît plutôt limité que diabolique. Et puis les titres sont tout de même bien trop homogènes pour moi. Il y a de-ci de-là des passages qui me branchent, et plus particulièrement au sein de deux titres : celui éponyme et "Pagan Fears"… Et c’est à peu près tout.
Oui, mon jugement est dur, mais il couronne des années de silence. Fallait bien que cela sorte, bordel ! Si l’album a scellé le mythe du groupe, il en détient aussi l’essence du Black Metal : volonté affirmée de destruction, idéalisme artistique et pamphlet politique baignant dans la haine religieuse et l’esprit vengeur. En 1994, il y avait d’autres albums de la scène norvégienne qui avaient bien plus capté mon attention (EMPEROR, ENSLAVED, SATYRICON, ANCIENT, GORGOROTH, DARKTHRONE, et même BURZUM). Oui, paraît-il que, fût un temps, il était pertinent de choisir son camp entre Euronymous et le comte Grishnackh, un peu à l’instar des pro-BEATLES et des pro-STONES… Pour ma part, cela n’a jamais fait un pli, et pour des raisons musicales en premier lieu, BURZUM m’a bien plus accompagné dans mes balades nocturnes, à contrario de MAYHEM. Trop dur la vie.